ALCOOL !!!!!!!!!!

Publié le par Patty

J'avais envie de vous faire partager ce texte... trouvé par hasard..

"Longtemps insidieuses, les propriétés toxiques de l'alcool prennent un développement majeur sur tel ou telle fonction ou organe selon les structures.

Elles prédominent sur toutes les autres propriétés de l'alcool dont les qualités s'estompent.

La perte de la liberté de manœuvre à l'égard de l'alcool va s'aggraver de la difficulté, puis de l'impossibilité de s'abstenir, de l'effondrement de la tolérance, de l'effritement de toutes les relations avec l'extérieur, avec les autres.

C'est ici que l'image de la mort apparaîtra d'elle-même aux sujets qui, non soignés, non aidés, accepteront cette idée de leur propre mort dans une sorte de résignation triste, bizarre.

Pendant quelques temps encore le sujet va refuser aux autres le droit de lui dire qu'il est alcoolique mais, constatant qu'il ne peut ni reprendre la maîtrise sur l'alcool ni l'abandonner, il fera sienne cette opinion que tout le monde ne cesse de lui répéter : "Je suis incurable".

Il vit de plus en plus mal avec l'alcool mais ne peut plus non plus vivre sans lui. On lui répète pendant ce temps : "qui a bu boira", "il est trop tard" - "tant pis, à quoi bon lutter ? " se répond-il en écho.

Observé du dehors, il perd ce que les autres appellent sa dignité. Il oublie l'image de soi idéale du personnage qu'il aurait voulu être. Il essaie pendant quelques temps encore de projeter une image favorable. Quand on lui parle d'alcool il minimise par habitude les quantités absorbées, rationalise, triche un peu, cache encore les bouteilles.

Peu à peu il s'y efforcera de moins en moins jusqu'au jour où la quête de l'alcool va dominer le tableau chaque jour davantage pour devenir, dans la phase terminale, l'unique activité.

Quelques-uns parvenus à cette phase n'ont plus d'autre but de survivre que de rechercher l'alcool, de trouver des moyens pour s'en procurer. Situation véritablement poignante, d'une existence vidée, semble-t-il de toute signification.

Tout s'aggrave, s'effondre, se désagrège : les liens conjugaux, les liens familiaux, l'estime des enfants, la qualité du travail, l'équilibre du budget, l'éthique, les références personnelles aux systèmes de valeurs.

On ne part plus en vacances, on n'a plus envie de voyager, on délaisse les amis, on esquive les réunions, on se met en congé sans but, on quitte son emploi.

Après avoir déserté les expositions, les films, le théâtre, on ne lit plus de livre, ni même de journal. Si certains soirs on entend des conseils, des exhortations, des suppliques, des récriminations, on les évite d'abord en racontant n'importe quoi, en niant l'évidence, puis on finit par ne plus écouter.

On reboit pour ne plus être importuné jusqu'au jour où on se fâche contre tout, pour rien. Sur une simple étincelle le drame peut à ce moment là éclater.
L'arme est chargée, il n'y a plus qu'à appuyer sur la gâchette.

Certains ne s'aperçoivent de rien, croient que tout va bien. Ils vivent une espèce de vie banale, de routine de tous les jours.
Cet état d'apsychognosie a remplacé les heures colorées du tapis volant et de la capsule. Il est plus terne que les heures quiètes du cocon. Ils peuvent vivre ainsi pendant des années accomplissant dans la routine des actes simples dans un état de pseudo-démence dont peu d'observateurs se rendent compte.

Leur conversation est rudimentaire, leur comportement est répétitif, ils ne créent plus rien, n'acquièrent plus rien. Ils avancent sur l'erre, diraient les marins.

Au cours de cette période se précisent après les troubles fonctionnels, les différentes alcoolopathies secondaires plus graves, les troubles lésionnels qui peuvent à leur tour altérer toutes les capacités, physiologiques vitales.

Cette période peut durer quelques mois, de longues années. Tout dépend alors des différentes vulnérabilités (fragilités latentes) génétiques, innées ou acquises qui existent pratiquement chez la plupart des êtres humains.

Il s'agit maintenant d'une solitude très pauvre annonçant , si un traitement n'est pas mis en cours, un marasme à plus ou moins long terme.

Assister impassible au nom de la liberté d'autrui au spectacle d'un être humain qui s'enlise, lui adresser des reproches alors qu'il s'enfonce, lui faire de la morale jusqu'à ce qu'il disparaisse, est une attitude sadique.

Juger un alcoolique comme coupable et responsable unique et se donner le droit seulement de lui adresser des reproches sans l'assister c'est se donner le droit de laisser l'alcool (que tant d'autres consomment autour de lui) le séduire d'abord dans un mirage, dans un leurre, dans une solitude dorée, pour le dissoudre ensuite corps et âme dans une solitude glacée.

Assister impassible au nom de la liberté d'autrui au spectacle d'un être humain qui s'enlise, lui adresser des reproches alors qu'il s'enfonce, lui faire de la morale jusqu'à ce qu'il disparaisse, est une attitude sadique."



Publié dans TEXTES A FAIRE PASSER

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A
Super cet article et tu fais bien de le partager, l'alcool c'est comme la drogue c'est un fléau terrible.Les gens sont de plus en plus à la recherche de paradis artificiels..........cela prouve ce mal être de cette société de merde dans laquelle nous vivons.Gros bisous à toi.
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